Anthologie des poèmes d'amour des afriques et d'ailleurs

Recension rédigée par Jean Delaneau


            Plus de 600 pages... Impossible d'entrer dans les détails de cet ouvrage qui est d'abord une réflexion sur la « négritude », au départ « parisienne », et surtout mise en valeur par Senghor après les évènements de 1960 ouvrant une indépendance féconde. Ce fut alors un foisonnement de publications, dans de nombreux pays Ultra-marins, jusque dans les Caraïbes ou l'océan Indien, qui renforça le développement de la Francophonie, d'une façon plus vigoureuse que dans la France métropolitaine !

            La langue française, répandue dans le monde, avait donné aux intellectuels les moyens de se rassembler pour parler une langue commune, dans les  domaines de la culture, de la politique ou  l'économie et les problèmes sanitaires ou sociaux , sans détruire les  idiomes locaux qui sont d'une importance vitale pour les groupes ethniques que des « colonisateurs » avaient dispersés...

            Les cent premières pages sont une défense et illustration de la néo négritude, abordée par plusieurs auteurs. Les nombreuses notices, d'une grande densité, replacent cette anthologie dans la réalité historique et politique. Elles rappellent non seulement les valeurs culturelles et morales du monde noir, mais aussi, et parfois de façon très « militante », certaines dénoncent les iniquités raciales dont le Noir serait encore victime.

            On arrive vite aux « poèmes d'amour », qui sont d'une richesse et d'une diversité extraordinaires. Chaque poète est présenté par une biographie, illustrée  par des photographies où ils sont souvent réunis en groupes joyeux et familiers, où je retiendrai l'Académicien poète et sorbonnard (et ami) Raoul Danaho. Davantage peut-être plus que dans les poèmes que l'on rencontre dans nos lectures classiques, c'est vraiment « l'Amour » vivant, le couple également partagé et découvert, plein de  joies mais aussi de tristesse, lorsque l'amante est devenue la « Négresse à Blancs », une plainte maintes fois entendue...

            Quelques mots sur la forme du poème. Elle surprend par sa diversité, le jeu avec les mots comme Mallarmé, la concentration d'un « haïku » japonais, et l'harmonie d'un sonnet ou des poètes de la Pléiade. Elle pourrait être l'amorce d'une chanson ou d'une danse. Les femmes poètes y sont moins présentes, mais elles apportent dans leur expression plus de rêves, de volupté, et de douceur maternelle.

            Les poètes « d'ailleurs », présentés sous l'égide de Guillaume Apollinaire et du pont Mirabeau, réalisent un tour du monde bariolé apportant au Pérou ou à Pondichéry la voix de la négritude et de la francité qui s'enrichissent de leurs différences...

            Ouvrez ce livre à n'importe quelle page, vous y trouverez toujours un mot qui pleure ou qui chante... ou une fleur...