La différence francophone : de Jean de Léry à Patrick Chamoiseau

Recension rédigée par Antoine Guerrier de Dumast


Les recensions de l’Académie[1]

            Ce livre de Vincent Bruyère, maitre de conférence dans le département d'études françaises et francophones de Pensylvania State University, est un ouvrage très particulier, original et représentant une littérature peu classique, car pensée, conçue, rédigée par un auteur entouré de travaux internationaux en liaison avec le Canada (Université Laval), l'Angleterre (Universités de Warwick et de Nottingham) la Belgique, la Suisse et la France bien entendu.

            Cette pensée et cette approche permettent à l'auteur de faire apparaître une convergence de projets pour les études francophones qui semblent diverger mais qui en réalité se rejoignent. Elles soulignent en effet la diversité de la francophonie souvent réduite à une étude sur la zone Caraïbes ou celle de l’Afrique de l’Ouest. Vincent Bruyère s'attache à démontrer  tout ce que la francophonie recouvre d'un passé colonial formulé par et pour des Européens, tout en admettant qu'il faut aller plus loin.

            L'analyse et la pensée des écrits de Jean de Léry (1534-1613) écrivain, ethnographe et missionnaire, permet une approche significative d'une étude classique de la francophonie.

            Au 18e siècle le partage de la matière ethnographiable se fonde sur la division entre oralité et écriture. Michel de Certeau fait remarquer que Lévy Strauss ajoute une précision relative à la matérialité de l'ordre du « typtein » (en grec sur la pierre et le papier).

            Aujourd'hui Patrick Chamoiseau fait entrer la francophonie dans l'histoire en multipliant les identités narratives : « moi africain, moi chinois,  moi créole... ». Cette référence à Chamoiseau qui s'inscrit dans le titre de l'ouvrage s'explique clairement  (voir l'excellente biographie de ce dernier par Sarnia Kassab- Charfi, éd. Gallimard).

            Ce voyage dans l'espace et dans le temps permet à Vincent Bruyère de formuler et d'expliquer cette différence  francophone qu'il étudie avec son incomparable culture.